Au commencement il y a la coexistence insouciante qui est sans se regarder être car je suis car elle est car elle m’est inhérence.
Puis l’individuation amène la conscience que nous ne sommes pas une mais trois.
Il y a la mère,
la dépendance,
et moi.
Alors survient la douleur, puis l’horreur, de cette présence en moi qui ne m’appartient pas.
Est-il possible de couper ce cordon qui m’agrippe et m’étouffe?
Guidée par l’urgence, et par le désir, brûlant, de me créer de toutes pièces.
Juste en dessous de ce désir – ou serait-ce même à sa source? – il y a un murmure qui me rappelle sans cesse:
Pour se créer il faut d’abord se déconstruire, faire peau morte, jeter tout héritage…
Ma poursuite créative prend alors la forme d’une lutte effrénée.
Ainsi esseulée, essoufflée, mon effondrement est-il inévitable ?